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Au rayon cd
7 avril 2008

Grand corps malade ou la mort du prompteur

Je me souviens que les Rita Mitsouko s’étaient fait copieusement siffler sur le plateau du "Grand journal" de Denisot, sur Canal Plus, pour avoir dit que Grand corps malade ce n’est pas de la musique.

 

 

Je les aurais applaudis dans cette assemblée guignolesque.

 

 

Alors bon, si Grand corps malade ce n’est pas de la musique (de la musique malade peut-être ?), c’est quoi ? Hé bien, Grand corps malade, c’est avant tout la mort du prompteur. L’outil sans lequel Johnny et Indochine ne seraient plus là, le prompteur, qui permet de ne pas se laisser emporter par une émotion trop intense et de garder les pieds sur terre à la lecture de ses paroles dans l’ordre et en place dans la musique. Le karaoké personnel des artistes. Pour Johnny, il est écrit « Que je t’aime Que je t’aime Que je t’aime Que je t’aime » sur le prompteur, pendant le refrain de Que je t’aime pour être sûr qu’il n’en oublie pas un. Pour Indochine, c’est différent : « Allez viens, viens avec moi, ne pars pas sans moi, oh oh oh viens-là, reste-là, ne pars plus sans moi ah ah ahah yep yep yep yeah !! Say !! Putain de public ! ». Tout est écrit. 

 

 

Le problème avec Grand corps malade, c’est qu’on ne le présente pas comme un chanteur mais comme un phénomène de foire, genre Rainman, et quelque part, c’est mérité : il a quand-même réussi l’exploit d’avoir rendu le ton monocorde de Delerm encore plus monocorde. Le prochain chanteur à la mode sera aphone ou ne sera pas.

Deuxième chose : Grand corps malade serait un poète. Bon. Je n’échangerais pas un baril de Léo Ferré contre deux barils de Grand corps malade, même sous la torture. Sa poésie faite de jeux de mots et de calembours qu’on croyait uniquement réservés à la liberté de la presse n’est pas franchement excitante.

Alors par contre, l’exploit réside bien dans ces déclamations des textes par cœur. Par cœur, au sens « par le cœur, qui provient du cœur ». Oui, il a le mérite d’aimer ce qu’il fait et d’aimer le faire visiblement, c’est déjà ça, c'est même déjà beaucoup. Mais a-t-il pensé aux prompteurs ? Aujourd’hui, si t’as pas un prompteur, t’es pas un vrai chanteur. Les chanteurs, après avoir eu honte de leurs prompteurs pendant des années, sont maintenant fiers de les montrer sur scène : ça fait moderne, un peu Total Recall (plein d’écrans partout, c'est futuriste), alors qu’avant ils les cachaient. Ou ils savaient leurs textes par cœur.

Alors si Grand corps malade arrive sur scène sans son prompteur, cela signifie qu’il a besoin de se concentrer pour réciter ses textes, ce qui l’empêche visiblement de chanter. Moi je dis non. Vive le prompteur qui permet au chanteur d’être libéré des trous de mémoire et de laisser sa voix vivre sa vie. Oui, plus de prompteurs ! Plus de "Que je t’aime" (c’est possible avec un prompteur) ! Plus de "yep yep yep say !!! yeah" (c’est possible avec un prompteur, tout est possible avec un prompteur) ! Vincent, achète-toi un prompteur !! Ben oui, vous saviez pas que le prénom de Grand corps malade est Vincent ? Mais si : Vincent Grand corps malade. Vous avez déjà imaginé Grand corps malade reprenant Châtenay-Malabry de Delerm ? Essayez (pour ceux qui connaissent Châtenay-Malabry), vous vous sentirez mieux.

 

 

 

 

 

 

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Commentaires
F
J'aurais plutôt tendance à penser comme les Rita, mais je ne me permettrais pas de juger ce que je ne connais pas. Je suis aussi peu attiré par le slam que je le suis pas le rap, ce que fait GCM est surement très bien, mais ce n'est pas pour moi. Pour ce qui est du prompteur, je trouve ça parfaitement scandaleux... J'étais hier soir au concert de Daho, au 1er rang, et je peux te dire qu'il n'avait pas besoin de prompteur...
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