Benjamin Biolay : album et grosse déception de l'année
Voilà trois semaines que j'attendais que l'on me dise si B.Biolay était OK pour une interview pour Bakchich. Pendant ce temps là, il apparaissait chez Drucker, chez Fogiel, en couverture des Inrocks, dans Le Monde, etc...
Aujourd'hui, on m'annonce qu'il ne sera disponible qu'à partir de janvier, que son planning promo est blindé jusque là.
Il aura fallu attendre trois semaines pour qu'on me dise ça, pour me dire qu'il n'a pas le temps de répondre par mail à douze petites questions.
En 15 mois de collaboration avec Bakchich, il est le deuxième à ne pas avoir le temps de répondre à mes questions, après Vincent Delerm l'an dernier.
Bakchich vient d'entrer dans une procédure de redressement judiciaire, Biolay a dû penser que donner une interview à un média exsangue ne serait pas bon pour son image actuellement. Le truc le plus drôle, c'est qu'il pourrait répondre à mes questions en janvier, comme par hasard, alors que le responsable de Bakchich déclare un peu partout dans les médias : "« Nous n'avons pas lancé un hebdo pour revenir à une simple activité Internet qui ne nous rapportait pas suffisamment. Notre situation est très incertaine. Si la reprise des ventes se confirme et que nous parvenons à une recapitalisation, nous aurons un cercle vertueux qui nous permettra de poursuivre. Dans le cas contraire, on ne sera plus là en janvier prochain ».
Je sais bien qu'il y a d'un côté l'oeuvre et de l'autre le créateur. Que les deux choses sont distinctes. Mais un lien indissociable existe, au moins dans mon petit esprit. Par exemple, j'ai du mal à écouter les albums d'un groupe dont le chanteur a pour seule passion la chasse à l'ours (Metallica) et je sens que je vais avoir du mal à acheter mes places de concert pour la tournée de Biolay. C'est peut-être con, mais c'est comme ça.
Du coup, la personne qui suit le "dossier" de son côté me rétorque que tout ce que je reproche à B.Biolay, en fait, c'est qu'il n'y ait pas plus de 24 heures dans une journée. Sait-elle lire dans les pensées, c'est exactement ça.
Bref, j'avais écrit un papier dithyrambique sur son nouvel album, prolongé de dix malheureuses questions inspirées par l'écoute en immersion du disque. Par exemple : pourquoi ce photomaton posé en plein milieu de l'artwork réalisé par l'agence de conception graphique M/M (celle qui conçut également le visuel de "A l'origine"), comme ajouté à la dernière minute pour plus de visibilité dans les rayons ? Je lui demandais aussi quel est son double album de référence. Et puis, voici les autres questions :
CharlElie Couture a dit de vous : « « Il s’exprime avec flegme, ce même flegme qui file des ulcères à ceux qui n’explosent pas ». S’il n’y avait pas la musique pour exploser, où seriez-vous ?
Dans quelle configuration allez-vous vous produire sur scène pour défendre cet album ?
Une fois l’enregistrement terminé, est-ce que vous avez pensé : « maintenant, je peux mourir » ?
A mon avis, « Padam » ou « Tout ça me tourmente » paraissent plus radiophonique que « La superbe ». Pourquoi ce choix de premier single ?
Il y a du Blur dans « 15 août ». Quels sont les groupes anglo-saxons actuels que vous écoutez ?
Quel est le dernier grand disque français selon vous ?
Où est passée la nouvelle chanson française, à laquelle vous avez souvent été affilié et dont vous vous êtes émancipé au point de la ringardiser totalement avec des albums aussi réussis que « A l’origine », « Trash yéyé » et le dernier ? Ne seriez-vous pas le fossoyeur de cette « nouvelle chanson française » ?
Qui trouve grâce à vos yeux dans la scène française actuelle ?
Si vous deviez tourner le clip de « Brandt Rhapsody », à quel réalisateur ou cinéaste feriez-vous appel ?
La plage est très présente dans votre œuvre, quels sont vos bords de mer préférés, pouvez-vous nous les décrire en deux-trois mots ?
A partir de la phrase "Chérie, y'a des trucs à manger dans le frigo" (à 1'20'' de Brandt Rhapsody), on sent que le couple entre dans l'usure du quotidien, que la magie s'est envolée. Le mot "Chérie" marque ce basculement. Est-ce parti d'un constat autour de vous ou bien n'avez-vous pas placé d'intention particulière derrière ce mot ?
Voilà. Il n'a pas le temps de répondre avant janvier. Ses fans apprécieront, et les 800 000 visiteurs uniques par mois de Bakchich ne lui en voudront pas.
Après "Fanny Ardant et moi", Vincent Delerm peut maintenant chanter : "Benjamin Biolay et moi".