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Au rayon cd
21 mai 2008

Mendelson

Comme tout le monde, ou plutôt comme tous ceux qui connaissent, j'ai découvert le groupe Mendelson sur une compilation des Inrockuptibles en 1997, sur laquelle figurait leur monument "Je ne veux pas mourir" qui, en plus de mettre le cafard à l'auditeur, mettait une trempe à tous les autres groupes du CD. C'est d'ailleurs la seule fois où j'ai trouvé un truc bien sur ce genre de compilation fourre-tout.

Aujourd'hui, Mendelson n'a plus de maison de disque mais est encensé par la critique, paradoxe de notre époque. Et quand je dis encensé, c'est hallucinant, c'est genre "meilleur groupe français depuis trois albums" pour Magic par exemple, ou encore les quatre ƒƒƒƒ de TELERAMA (sur un autoproduit, ça relève de l'exploit).

J'ai trouvé encore une chanson du groupe qui m'a rappelée "Je ne veux pas mourir" sur leur myspace : "Par chez nous", qui dégage un peu la même force puissante et trouble que le film Délivrance. Les sauvages n'habitent plus en forêt amazonienne depuis bien longtemps, la civilisation n'existe pas. Ecoutez comme ça met le cafard, un cafard fascinant, non pas lié à l'angoisse d'une métamorphose toute kafkaïenne mais au sentiment de décalage entre sa condition humaine et une normalité extérieure monstrueuse toute kafkaïenne, le truc obsédant qui n'est pas près de quitter votre esprit une fois que vous l'avez entendu.

Alors après un saut sur leur site officiel, j'ai franchi le pas, j'ai acheté le double-album autoproduit refusé par toutes les maisons de disques et tous les distributeurs pendant deux ans (seul Ici d'Ailleurs, devant le buzz médiatique du groupe depuis la vente de l'album par correspondance via le site officiel, s'est décidé à prendre en charge une distribution dans les bacs depuis janvier).

Depuis 5 jours, je suis dans l'expectative (en espérant que ça ne va pas durer trop longtemps). Parfois on a l'impression d'entendre du Murat première période (avant Cheyenne Autumn) en roue libre, parfois du Murat live période Muragostang, et parfois, aussi, on a l'impression d'avoir affaire à une force maléfique venue d'ailleurs : je ne me force pas à aimer ce disque mais lui, par contre, me force à l'aimer (il se met en route tout seul dans la platine, je n'y comprends rien). Et il y a des vibrations qui me parviennent au bout de 20 écoutes, quand j'entends "Le sens commun" (pas celui de Debussy : "Le sens commun est une religion inventée par le plus grand nombre pour excuser les imbéciles d'être trop nombreux"), non, celui de Mendelson, qui excuse aussi les aliénés restés à la porte des aliénés du sens commun. L'enfer, c'est le poids des autres, des souvenirs, des choses qui ne brillent pas sous le soleil. C'est en tout cas ce que le double album Personne ne le fera pour nous parvient à évoquer. 

Alors beaucoup de journalistes ont osé parler de chef-d'oeuvre pour définir l'objet. Dans l'une des chansons ("J'aime pas les gens"), Pascal Bouaziz, tête pensante et agissante de Mendelson, dit qu'il n'aime pas les journalistes.

Je ne sais pas si c'est un chef-d'oeuvre mais des chansons comme "Sans moi" et "Le sens commun" approchent le chef-d'oeuvre. "Je ne veux pas mourir" et "Par chez nous" sont des perles, "Le château" de Kafka est un chef-d'oeuvre. 

Mendelson a un défaut : il attire tous les intellos de « bon goût » comme des mouches à merde, ce qui plombe tout l’humour dont le groupe est capable (c'est pas facile de rire dans une chapelle, et encore moins dans une cathédrale). Bernard Lenoir a dit que Personne ne le fera pour nous était le meilleur album de l'année, et ça n’a pas réussi à me dégoûter totalement de l’album, c’est dire s’il est maléfique.

 

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