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Au rayon cd
1 avril 2008

Francisque Cabrel

On a longtemps reproché à Hergé l’esprit colonialiste qui anime Tintin au Congo, avec la représentation de l’africain en petit être frêle inoffensif un peu simplet et habité par une âme d’enfant. Et c’est ce qu‘on a toujours reproché au colonialisme : la vision infantilisante des peuples autochtones. La vision de l’africain chez Hergé est donc dégradante, raciste, puisqu’elle souligne bien une différence entre les races en affirmant la supériorité de l’une d’elles.

Francis Cabrel, dans son dernier album, nous propose « Les cardinaux en costume », qu’on nous présente déjà comme une chanson engagée (ouh le vilain mot qui me fait toujours penser à la saillie de Ferré : « les vraies chansons engagées ne passent pas à la radio »). 

Voici un extrait du texte : Et Mamadou qu’on transfert

 

                                   A l’arrière de l’avion

 

                                   Vers un endroit de la terre qu’ il ne connaît que de nom

 

                                   Lui léger comme une plume, malheureux comme un enfant

 

 

 

 

Visiblement, Cabrel essaie de stigmatiser le racisme avec des propos qui en ont malheureusement la teneur (Mamadou est un être frêle, inoffensif, avec une âme d’enfant, parfait pour le casting de Tintin au Congo). Et en plus Cabrel désigne, et ça c'est très drôle, les donneurs de leçon : les "cardinaux en costume". Mais ceux-ci, qui constituent une part sans doute non négligeable de son public, ne se sentiront pas visés puisque le chanteur évite dans son habile démagogie de désigner avec trop de précisions ces cardinaux en costume (des gens qui bossent, occupés à nourrir leur famille, qui n'ont pas la chance d'habiter à Astaffort, qui ont des difficultés aussi, comme tout le monde, et qui ont un cœur, comme tout le monde). De même que certains ne manqueront pas de me rétorquer que Mamadou est sans doute un enfant. Mais « malheureux comme un enfant » ne signifie pas « malheureux enfant ».

Et le reste du texte est à l’unisson : caricatural, pathétique et dangereux.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Commentaires
F
Oui, tu as certainement raison quand tu dis qu'il s'est laissé allé à la facilité. Cependant je te trouve très sévère quand même. Mais c'est vrai qu'il avait placé la barre très haut. Encore une fois, je n'ai pas trouvé que cette chanson dénonçait le cynisme mais plutôt l'indifférence(mais ce n'est que mon interprétation et je me trompe peut être), et c'est pour ça qu'elle m'a interpelé, personnellement.<br /> Pour finir, je ne sais pas si c'est un album "engagé" (le peu que j'ai entendu du disque de Cali, là on peut vraiment parler de chanteur engagé, et pour le coup ça me donne pas très envie d'en entendre davantage).
B
Je me faisais une joie de découvrir le nouveau Cabrel, chanteur que j'apprécie depuis de nombreuses années et qui me semble être un type bien, avec de l'humour et un vrai talent d'écriture. J'avais beaucoup aimé son album "Un samedi soir sur la terre" et le double live électro-acoustique sorti en coffret au début des années 90. J'ai l'impression, quand j'entends un texte comme "Les cardinaux en costume" qu'il tombe dans une facilité indigne de lui. Dans le genre qui tape sur le cynisme des gens de pouvoir ou les politiques, je trouve qu'un Mickey 3D s'en sort bien mieux avec un morceau comme "La mort du peuple". J'adore le nouveau single de Cabrel qui passe en radio en ce moment. J'attendais vraiment l'album mais je n'ai pas eu le temps d'aller plus loin ce matin (en borne d'écoute) que "Les cardinaux en costume". Et ce morceau m'a bien calmé sur ma motivation. En plus je viens de tomber sur un papier sorti ce matin dans le quotidien 20 Minutes qui conforte cette impression : <br /> <br /> Lu dans 20 minutes, sous le titre : Francis Cabrel « engagé » dans une impasse…<br /> <br /> Pauvreté, immigration, religion... Le chanteur avait annoncé que son nouvel album, Des roses et des orties, serait « engagé ». Mais pas qu'une orchestration lourdaude plomberait beaucoup de textes lénifiants. L'ex-chanteur à moustache a heureusement gardé un joli coup de plume sur quelques chansons plus intimes, notamment Mademoiselle l'Aventure, dédiée à la mère inconnue de sa fille adoptive. Avec d'agréables motifs à la guitare disséminés tout au long de l'album, Francis Cabrel se fait même pardonner deux reprises hasardeuses de J.J. Cale et de Bob Dylan.
F
Je comprends ton point de vue, surtout si tu cites Balavoine ;-).<br /> Cela dit, et sans avoir lu ses interview, cette chanson ne m'avait pas particulièrement choqué (ni maintenant d'ailleurs) mais plus certainement touché, je trouve qu'elle décrit plus qu'elle dénonce, je ne sais pas si Cabrel a voulu faire de l'humanisme ou de la sociologie, et je ne pense pas qu'elle soit particulièrement dirigée contre l'église catholique (mais ça ne me choquerait pas non plus)... <br /> "Le monde dort en silence", c'est un constat. Cette chanson m'a touchée, parce que je me suis senti un peu cardinal en costume, en repensant aux SDF que je croisais dans la rue sans les regarder ou aux jeunes filles manifestement étrangères (et de toutes origines confondues) qui faisaient le trottoir, venaient se faire avorter à l'hosto et que j'ai sans doute parfois jugé sans le discernement nécessaire. Pourtant je ne pense pas être quelqu'un d'insensible, d'intolérant ni un donneur de leçon. Voilà pourquoi cette chanson, peut être maladroite, me semble quand même nécessaire. Ce n'est qu'une chanson , mais moi elle m'a fait réfléchir, et en ce sens elle me parait utile. Que Cabrel la chante lui donne encore plus de poids.<br /> Je pense que Cabrel sait très bien qu'il fait lui aussi parti de cette caste de privilégié, de ces cardinaux en costumes : il a été élu, il ne l'a jamais caché, il ne pourra jamais sérieusement s'en dédouaner, es tu sûr qu'il les méprise tant que ça ? Je lui laisse là le bénéfice du doute.
B
La chanson « Les Cardinaux En Costume » relate la vie de cet exil sur la Terre France. « Magyd dort dans la lumière/ Celle des phares et des périph/ Une joue contre la terre/Une main sur son canif/Qu’un homme dorme sur le bitume/Ça n’a pas l’air d’inquiéter les cardinaux en costume/ Derrière les vitres teintées. » Mais si l’artiste dénonce l’Eglise catholique et ses hauts représentants, c’est contre tout ce qui porte costume qu’il s’insurge : « C'est, certes, l'image du cardinal qui a dirigé mes pensées, mais ça s'adresse aussi au sénateur en costume, à toute l'intelligentsia auréolée de la loi et de l'autorité. J'aurais pu changer d'interpellation à chaque couplet. Mais ça part des cardinaux, qui sont l'image de la caste de privilégiés qui s'élèvent au-dessus du peuple des croyants. »<br /> <br /> Je n'aime pas les amalgames, d'aucune sorte, d'où qu'ils viennent. Et quand un chanteur prétend faire de l'humanisme là où je ne vois que de la démagogie, genre le type qui fait des textes contre l'injustice et contre la misère, et qu'après il précise en interview que ses chansons ne sont que des chansons, qu'elles ne changeront rien, pourquoi se donner tant de mal alors ? Je pense qu'il n'est pas le mieux placé pour parler de la misère et de l'injustice. Et l'Eglise catholique a toujours bon dos, ça ne mange pas de pain de taper sur elle, quel courage. Cabrel parle des types en costumes, mais lui quand il siègeait au conseil municipal ne devait pas y aller en maillot de bain. Et pour les vitres fumées, à la sortie de ses concerts ce n'est pas un scooter qui l'attend. Et c'est facile de cracher sur les représentants de la loi ou de l'autorité quand on habite à Astaffort, au pays de Oui-Oui. Moi aussi je n'aime pas les types qui abusent de l'autorité que leur confère un certain pouvoir et les mecs en costume en général, mais tous les amalgames m'insupportent. Je pense aussi être animé par des sentiments humanistes, sans avoir le besoin de le crier sur les toîts : "Je suis un humaniste !!!", pour que mes voisins me répondent : "Super !!!". Et en parlant de caste des privilégiés qu'il méprise, a-t-il besoin de ça pour se dédouaner de la caste des privilégiés à laquelle il appartient ? Balavoine avait au moins l'intelligence, lorsqu'il abordait les thèmes de l'identité, de l'exclusion ou de la misère ("Un enfant seul attend la pluie", "L'aziza" et beaucoup d'autres magnifiques chansons) ne ne pas désigner des coupables idéaux et de ne jeter la pierre à personne.
F
Non ?
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