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Au rayon cd
4 décembre 2010

Le Chanteur

Le destin de Bertrand Cantat suit la même trajectoire que celui du "Chanteur", décliné dans le premier tube de Daniel Balavoine (mais version 21ème siècle, plus trash donc).

J'ai vu Noir Désir en concert une demi-douzaine de fois, de la tournée Tostaky à celle de 666 667 Club.
Il y a une autre malédiction pour le groupe : aucun élément de leur discographie officielle n'est en mesure de rendre compte de la puissance cataclysmique dont le combo était capable sur scène... jusque fin 1993.

Je possède un enregistrement de leur prestation aux Eurockéennes 1993 (c'est Picasso qui me l'a donné), je peux vous dire que le live officiel sorti à l'époque, Dies Irae, ne l'atteint pas aux chevilles. Dies Irae a été enregistré au début de tournée Tostaky, en salle, alors que le groupe n'était parfaitement rôdé et en pleine puissance (déchaîné !) que sur les dernières dates, en plein air, dans le cadre des festivals.

Il faut savoir que pour les fans de la première période, dont j'étais, Noir Désir avait déjà largement perdu de sa superbe avec l'album 666 667 Club : la voix de Bertrand Cantat n'atteindrait plus jamais les sommets d'intensité dont elle avait été capable avant l'opération des cordes vocales, ce qui allait se vérifier sur scène, mais surtout, le single "Un Jour En France" n'était pas à la hauteur de l'attente : Noir Désir se mettait au niveau des Bérus avec ce truc politique gras du bide et mou du genou, alors qu'ils étaient les Doors français jusque là. Déjà, le morceau "Fin de siècle", dévoilé en avant-première dans Les Inrockuptibles, sonnait comme une resucée faiblarde de "Tostaky".

Je me souviens d'un ami qui venait d'entendre "Un Jour En France" pour la première fois à la radio et qui m'annonça dépité : "un mythe s'écroule". Je précise que cet ami était ultra gauchiste (et l'est toujours), pour éviter tout amalgame foireux.

L'âge d'or de Noir Désir est incontestablement la période Frédéric Vidalenc (le premier bassiste, qui quitta le groupe après la tournée Tostaky) : 1987-1993.

Des visages des figures marquait en 2001 un tournant audacieux, l'album est proche du chef-d'oeuvre (s'il n'y avait pas ce final interminable et ridicule avec Brigitte Fontaine).

Ensuite, l'histoire bascule, tout s'éteint. Et il aurait mieux valu ne rien essayer de rallumer.
Tout était indécent :
- le live Noir Désir en public, en 2005
- le DVD qui y était associé, en 2005
- les deux inédits ("Gagnants/Perdants" et "Le temps des cerises"), en 2008
- l'apparition sur scène aux côtés du groupe Eiffel, en 2010.

Tout cela est arrivé beaucoup trop tôt. Il aurait fallu observer un silence de 16 ans (double peine, le minimum pour faire acte de décence). Car la décence ne suffit pas, il faut aussi la pénitence et la repentance.

A ceux qui répètent que Bertrand Cantat ne fait que reprendre son métier après avoir purgé sa peine, on peut répondre que son activité est (était?) particulière : chanteur à succès. Cantat est une personnalité publique, médiatique, inscrite dans le show-biz (l'industrie du disque), on ne peut pas refuser de voir, de reconnaître cette particularité pénalisante : quoi qu'il fasse, il est exposé à l'opinion publique.

Pour ses premières apparitions sur scène avec le groupe, en 1996, le bassiste Jean-Paul Roy arborait un T-shirt avec cette inscription : "Flying in a dream" (je cite de mémoire, mais l'idée est là). Le rêve aura duré 7 ans. Le cauchemar dure depuis 7 ans, pour ceux qui peuvent encore rêver ou cauchemarder.

Comme Alice, Noir Désir fait sa nuit.

Alice fait sa nuit
Dans des villes enchantées
Alors elle se réveille au matin
Sur des terres brûlées
Alice fait sa nuit

"Alice", album Tostaky (1992).





























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