Etrange été

On aurait pu croire, à la vue des photos du carnage intermédiatique, que la Norvège avait été désignée comme le décor naturel d'un remake hollywoodien de "L'île aux 30 cercueils". C'était en fait un remake de la folie ordinaire.

La politique tue, on le sait depuis au moins Kennedy (je vous parle d'un temps que les moins de 50 ans ne peuvent pas connaître). Regardez DSK. Toute l'époque est dans l'affaire DSK. On ne va plus au cinéma, on joue au cinéma.

L'autre jour, je n'avais plus rien pour écouter les infos (et Thierry Lecamp) à la maison, je suis parti en ville à la recherche du Graal : un transistor. Dans une boutique chinoise aux possibles affichés (si je veux un Greemlins ou une stèle Johnny Hallyday ou Bob Marley - heu... ma parole, les gens croient sincèrement que Johnny est vivant ?), nul n'est tenu à l'impossible consumériste, j'ai repéré en vitrine un petit transistor qui fera l'affaire jusque Noël. Je m'avance à la caisse et demande le transistor à 9,99 euros en vitrine. Là, la nana me répond : "un quoi ?". Bienvenue au 21ème siècle, le mot transistor est un mot caduque, je suis un être sorti du Moyen-Age. Après "Faute d'identité" de Michka Assayas, "Faute de dimension" de la Telle Est Réalité.

L'été dernier, j'étais à Trouville. "Où ça ?", m'avait répondu un enseignant.

Cet été, j'observe quelques phénomènes :

Un excellent écrivain rock (dont je tais le nom parce que je ne l'ai pas concerté) m'a envoyé un mail dans lequel il indique : "A force de répéter qu'écrire est parfois une activité médiumnique, il faut bien, à l'occasion, en fournir quelques menues preuves". Je le soupçonne d'écrire pour le mensuel HOROSCOPE, le premier titre de presse à avoir annoncé la mort de Amy Winehouse, quinze jours avant le décès de la chanteuse de Mark Ronson. Winehouse signifiant "la maison du vin", il n'était pas nécessaire d'être marc de café (enchanté, moi c'est jean rochefort de café) pour avoir des visions funestes sur ce destin.

A part ça, sur ses écrans à cristaux liquides qui surplombent les caisses de ses magasins, la FNAC rend hommage à Amy Winehouse ("Retrouvez ses albums sur fnac.com et dans tous nos magasins"). Amy Winehouse est décédée le samedi 23 juillet, ses albums étaient encore à 7 euros le lundi suivant (25 juillet, pas le temps de rendre hommage). Le mardi 26 juillet, les choses rentraient dans l'ordre, le temps de faire l'étiquettage : le premier album, Franck, était vendu à 11,99 euros et le disque phénomène de 2006 Back to Black était affiché à 15,99 euros. Bel hommage. Merci la FNAC, merci Alexandre Bompard, nouveau patron de l'agitateur de talent.

En parlant d'Europe 1, j'ai entendu la pub pour l'album live de I Muvrini en ces termes : "émotion, générosité, humanité"... Ne manquent donc que fraternité et bravitude (ou fraternitude et bravité).

Pour la musique, on a quoi alors cet été ?

Pour les fumeurs alcoolos : le dernier PJ Harvey

Pour les fumeurs alcoolos bien viriles : le dernier album des Strokes.

Pour les fumeurs alcoolos bien viriles mélomanes : Aloe Blacc

Pour les fumeurs alcoolos bien viriles mélomanes et amoureux des lettres : le dernier Thiéfaine.

Les autres n'auront que ce qu'ils méritent.

Août sera le mois des fumeurs alcoolos bien viriles mélomanes et amoureux des lettres et de la bronzette ou ne sera pas. C'est dit (comme dirait Calogero face à la mer).